V.A.R, c’est le thème que nous utilisons, nous autres Haïtiens, pour désigner les territoires contrôlés par les gangs, impossible d’accès. Une référence à la « Video Assistant Referee, » utilisée au football. Un système qui assiste l’arbitre central lors des matches dans le but d’éviter des erreurs fatales. En résumé, ne rien laisser passer. V.A.R, c’est aussi le dernier son en date de Wood Terrib. Et pour lui, ça signifie « Viktim Ak Rèv. » Il a dit victime ? Mais de qui parle-t-il ?
Dans ce nouveau son, on retrouve Wood Terrib dans la peau d’un homme armé. Un gangster ? Non. Pas du tout. Un policier. Le genre d’homme brave, toujours sur ses gardes. « Mwen se pa san rezon ki fè m pran zam mwen menm… M ap veye ènmi k ap vin fè zak nan bren m… » Protéger et servir, telle est la devise. Mais pas uniquement les gens de notre quartier, ou ceux avec qui on a grandi. Ou les riches. Mais tout le monde. Mulâtre. Noir. Riche. Pauvre. Mendiant. Professeur. Élève. Analphabète. Tout le monde.
C’est aussi le discours d’un homme qui s’accepte. Un homme qui sait qu’il peut mourir n’importe où et n’importe quand. Un homme qui sait dans quoi il s’est engagé et qui est prêt à en assumer les conséquences. « Gason solid, vrè non m se brav, m siyen reziye. » « Dayè m deja badmann, avi m angaje m ladan. » Djòb polisye , djòb sèkèy, peut-on résumer.
« Goumen ak jèn nan menm klas avè m se pa sa m ap chèche, » chante Wood Terrib. Un point assez intéressant, vu que les gens ont souvent tendance à considérer les policiers comme leurs ennemis, et avoir peur d’eux. Il est vrai que certains agents des forces de l’ordre ont mauvaise réputation. Mais tout policier qui se respecte est un ami du peuple. Tant qu’on respecte la loi. « Quand on fait le bien, on ne doit pas avoir peur des autorités officielles, mais on doit avoir peur d’elles quand on fait le mal. Tu ne veux pas avoir peur des autorités? Alors fais le bien et tu recevras leurs félicitations, » dit La Bible dans la Lettre de Paul aux Romains.
« Avan w jije sa w wè a, chèche konnen sa l ye a. » Il a complètement raison. Mais il est important de vendre une meilleure image de ce qu’on est. À travers ce son de qualité, Wood Terrib cherche à nous montrer les policiers sous un nouveau jour. Comme des hommes dévoués, prêts à servir leur pays. Ils sont obligés d’être toujours sur leurs gardes. Cible numéro un des bandits. Salaire de misère. Il est important de les valoriser un peu plus. Car ils risquent leurs vies pour assurer les nôtres. Et à quel prix ?!
King Berdji Estiverne
Wood Terrib chante V.A.R