Le Mondial de football 2022, organisé au Qatar, a été l’un des plus controversés de l’histoire. Des accusations de corruption pour obtenir le tournoi aux critiques sur les droits des travailleurs migrants et des personnes LGBT+, il y a eu de nombreuses préoccupations concernant l’organisation et la sécurité de l’événement. Cependant, malgré ces préoccupations, le Qatar a réussi à améliorer son image et à augmenter son influence, notamment dans les pays du Sud et dans le monde arabe. Selon Carole Gomez, doctorante en sociologie du sport à l’université de Lausanne, “il y avait beaucoup d’inquiétudes en termes d’organisation et de sécurité, ainsi que de politisation à l’extrême de cette Coupe du monde”.
Selon Raphaël Le Magoariec, spécialiste de la géopolitique du sport dans le Golfe à l’université de Tours, l’événement a offert au Qatar “l’opportunité de laver son image de pays à scandales, quitte à faire oublier les affaires qui avaient précédé le tournoi”. Andreas Krieg, professeur au King’s College de Londres, a indiqué que le Qatar a utilisé la Coupe du monde pour “cémenter ses relations diplomatiques” et que “même dans les pays où la couverture médiatique a été majoritairement négative, comme le Royaume-Uni, les élites politiques sont restées positives à l’égard de l’hôte du Mondial”. Selon Simon Chadwick, professeur d’économie et géopolitique du sport à SKEMA Business School, le Qatar en a tiré “un bénéfice net de +soft power+”, en particulier dans les pays du Sud et dans le monde arabe, où la compétition a “donné un coup de fouet” à son influence préexistante.
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L’événement a également été l’occasion pour le Qatar de mettre en scène sa réconciliation avec l’Arabie saoudite, après une brouille diplomatique qui a duré de juin 2017 à janvier 2021. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a été invité d’honneur à la cérémonie d’ouverture et l’émir du Qatar a porté une écharpe verte, couleur de la sélection saoudienne, lors de cet événement. La cause palestinienne s’est aussi invitée dans les stades, de nombreux supporters et les joueurs du Maroc, demi-finalistes surprenants et fédérateurs, arborant le drapeau palestinien. Selon Andreas Krieg, ces “affrontements culturels sur les réseaux sociaux à propos des valeurs et des symboles” ne devraient pas affecter les relations internationales. En effet, le Qatar a su utiliser la Coupe du monde pour renforcer ses liens diplomatiques avec d’autres pays et pour améliorer son image à l’étranger.
Cependant, il ne faut pas oublier que le Qatar a été critiqué pour ses pratiques en matière de droits de l’homme, en particulier en ce qui concerne les travailleurs migrants et les personnes LGBT+. Bien que ces sujets aient été moins médiatisés pendant le Mondial, ils restent des préoccupations importantes qui devront être abordées de manière adéquate. Même si le Qatar a réussi à profiter de cet événement pour augmenter son influence et sa “soft power” et pour améliorer son image à l’international, il ne faut pas oublier les problèmes de fond qui ont entouré la Coupe du monde et qui devront être pris en compte dans l’avenir
Coupe du monde de football 2022 au Qatar : bilan et enjeux géopolitiques